JEREMIAH&TIMON

« C'est terminé pour aujourd'hui les gars. » Je ralentis doucement dans ma course. Quelque peu essoufflé, je regagnai l'une des deux cabines contenant les bancs pour les différentes équipes pour pouvoir récupérer mes affaires. M'écroulant sur ce dernier, je farfouillai dans mon sac jusqu'à retrouver ma bouteille d'eau et bu d'un seul coup les bons trois-tiers du liquide, qui s'y trouvait. Comme ça, sans m'arrêter, sans même reprendre mon souffle. Il fallait avouer que les entraînements de hockey avaient jusque là toujours été plutôt intense. Il fallait dire que l'équipe des Spartans avait déjà gagné de nombreux prix au niveau régional, mais également national ce qui expliquait pourquoi l'entraîneur mettait un point d'honneur à demander à toute l'équipe de le rejoindre plusieurs fois par semaine à la patinoire du campus. Mes coéquipiers commençaient déjà à sortir, afin de rejoindre les vestiaires du complexe sportif. Je les regardais s'éloigner en groupe, se tapant dans la main et jouant des mécaniques, visiblement fière d'eux. Je haussai inconsciemment des épaules et saisis ma serviette pour essuyer l'eau qui coulait sur mon menton. Certes, j'étais lent, mais ce n'était pas un si grand défaut que ça. Après tout, on disait bien que les femmes préféraient les hommes qui prenaient leur temps, n'est-ce pas ? Non pas que ça puisse m'aider en quoi que ce soit avec celles-ci, mais bon ... Et puis, si vous pensez que laisser les autres membres de l'équipe partir se changer sans moi n'était pas calculé, vous vous trompez. Il me semblait même que la fin de notre entraînement tombait en même temps que celui pour l'aviron. Comme s'il ne manquait plus qu'une vingtaine d'étudiantes et étudiants aux gros bras louchant sur vos bijoux de familles pour que vous vous sentiez encore plus à l'aise, nu comme un verre dans les douches. Je me baissai, afin de retirer mes patins, libérai mes mains de mes gants et enlevai enfin mon casque. Soupirant, je jetai un coup d'oeil à ma montre. Une dizaine de minutes à patienter et je pourrais enfin filer vers les vestiaires, sans redouter de devoir me déshabiller devant les autres. Prenant par conséquent tout mon temps pour ranger mes affaires, je ne décollai mes fesses du banc qu'un bon moment après la fin de l'entraînement.
Je m'aventurai enfin dans les vestiaires, après avoir parcourut le complexe, et fus heureux de constater que la majorité des étudiants étaient déjà partit et que les quelques retardataires n'avaient plus qu'à rassembler leurs affaires. Je marchai jusqu'au casier qui m'avait été confié en chaussette, n'ayant pas pris la peine d'enfiler des baskets, faisais mon code, puis je m'assis sur le banc en face de celui-ci, retirant mon maillot, puis mes différentes protections, tels que mes épaulières et mes protèges-coudes. Je rangeai tout ça dans mon casier avec mes patins et ma crosse, avant de le refermer, puis enroulai ma serviette autour de ma taille pour procéder à une manoeuvre très athlétique. Tout en tenant le bout de la serviette d'une main, je me tortillai de manière à retirer mes derniers vêtements. Je m'avançai jusqu'aux douches, prenant garde de ne pas glisser sur une flaque d'eau, tandis que les derniers sportifs sortaient des vestiaires. Machinalement, je jettai de rapides coups d'oeils anxieux autour de moi pour être sûr que plus personne n'était présent, avant de retirer la serviette et de me glisser sous le jet brûlant de l'eau, soupirant de soulagemment.