Welcome To The Black Parade

Kappa Beta Omega. Ils n'étaient ni vos frères, copains, amis, et encore moins vos compagnons. Pour la plupart, leurs prénoms faisaient souvent l'office de cri, de plaisir ou de rage. Ils étaient connus pour cela, et ce n'était pas pour rien que leurs fêtes étaient les plus redoutées par les autorités du campus. Véritable stéréotype de la confrérie, Amadeo correspondait en tout point aux valeurs de son tatouage, et il ne s'en cachait pas. C'est donc naturellement que cette marque trouvait place sur son cou, à la vue de tous. De manière générale dégout, crainte, et dédain primaient dans la liste des sentiments ressentit à l'approche des hommes de ce cercle. La lumière attire, le danger exacerbe les sens, et l'espoir vous conduit sur des chemins faussés, direction les froissements de draps puis la honte. L'optimisme est beau, surtout lorsqu'il est vain. Elles se sentaient capable de les aider, risquaient leurs larmes pour du vide, puisqu'il n'y avait rien à sauver. Mais, on pouvait applaudir l'effort des deux mains.

Halloween. C'était une soirée, donc, présence exigée, rien que pour éviter que cela ne vire au bal entre gens de bonnes familles, un tout aseptisé, entre tintements de coupe de champagne et rires convenus. Chacun sortait son costume, créatures ensanglantés ou résurrection de légendes lointaines, tandis que le jeune homme avait emprunté une demoiselle, afin qu'elle scinde son visage à l'aide d'une cicatrice, dessinée avec attention. Pour le reste, son tempérament fougueux l'avait aidé en fournissant quelques bleus et rayures supplémentaires sur sa chair. La peau revêtue de cuir pour la plupart de l'accoutrement, l'étudiant était assimilable à un présage de mauvais augure, plus qu'à une idée de déguisement particulière. L'extérieur reflétait l'intérieur, et, à vrai dire, il ne connaissait rien de plus terrifiant que de voir son âme nue, devant le miroir.

Entouré de quelques frères, le voilà depuis une bonne heure foulant le gymnase, transformé pour l'occasion en temple des horreurs. Il les abandonnait de temps à autre pour rejoindre des formes connues. Les deux nuits blanches précédentes fatiguaient la mine du diable, ternissaient son teint, et les cheveux plaqués en arrière, faisaient jaillir la dureté de ses traits. L'humanité avait du mal à se frayer un chemin sous cette façade glaciale. Ses billes obscurs cherchaient proie, ou plus communément, de la compagnie. Après avoir dévisagé une infirmière tachetée de rouge, toutes ses intentions s'accrochèrent à une masquée. Leurs pas s'étaient déjà croisés, à quelques reprises, sans grandes débouchées. Assez cependant pour qu'il sache que les choses n'étaient pas aisées à son contact, et qu'il lui faudrait apprendre la patience. Tallulah semblait chercher quelqu'un, mais il n'était guère dans les plans du grec de la partager. Sans pudeur, maintenant séparés d'une maigre distance, son bras entoure la taille de la promise, et l'amène à lui.

« Il n'est pas bon de tenter le diable en sa demeure, lady. A moins d'avoir les arguments pour s'en défendre. » Prisonnière, il s'évitait les risques de rébellion, pendant un moment. Il ne fallait pas sous-estimer une femme. Surtout celle-là. Ses lèvres se penchent vers l'oreille de l'étudiante, et rajouta, sur un ton amusé : « Un conseil cependant, pour s'en débarrasser, les prières et autres infamies sont inutiles. »

Je n'avais jamais comprit pourquoi les gens prenaient tant de plaisir à fêter Halloween, cette fête qui mettait en avant le diable, la peur et toutes ces choses négatives qui ne me passionnaient guère, qui me repoussaient même. En m'avançant à la recherche de Keith, je scrutais les déguisements de ces adolescents venus célébrer la mort. Un son d'agacement sorti plusieurs fois de ma gorge, reflétant ce que mon coeur pensait. Non seulement on n'y voyait rien, mais en plus je sursauta trois fois. Les organisateurs avaient mit le paquet sur la décoration, ils préféraient certainement perdre leur argent dans des fêtes à la noix plutôt que je les mettre pour des associations qui soulagerait quelques humains.

Alors je m'avançais grâce à la lumière verte virant dans les noires, regardant mes pieds puis en face de moi. Soudain, des mains d'hommes s'agrippèrent à ma taille, me bloquant. L'inconnu rapprocha sa bouche de mon oreil et murmura : « Il n'est pas bon de tenter le diable en sa demeure, lady. A moins d'avoir les arguments pour s'en défendre. » Je voulais me défendre ,mais il me coupa l'herbe sous le pied et murmura : « Un conseil cependant, pour s'en débarrasser, les prières et autres infamies sont inutiles. » Sa voix dur et franche, ses mains grandes et froides, son corps élancé et rassurant. « Amadeo » Un petit soufflement sortit après ce murmure et je me dégagea de son emprise. « Bonsoir à toi aussi. J'espère sincèrement que tu t'ennuies et que tu viens me voir parce que tu n'as rien à faire et non parce que je te porte un quelconque intérêt. » Je roula des yeux.

Amadeo était ce genre de garçon qui vénérait le Diable ou pire encore, qui se croyait bien plus grand que lui. Sa confrérie était entièrement constitué d'êtres irrespectueux, méprisant et tout autres adjectifs synonymes aux précédents. Je ne me rappelle plus véritablement comment nous nous étions rencontré mais il était certains que ce n'était pas moi qui avait fait le premier pas, que Dieu me pardonne d'avoir accepté de lui adresser la parole.

« Je suppose que te demander ce que tu fais ici serait déplacé hein? C'est quoi ton... ton costume? » L'homme avait beau être devant moi, je ne voyais que peu son costume. La salle devenait de plus en plus noire, mon anxiété à ne pas trouver Keith de plus en plus grandissante. Je devais lui parler, c'était important et à la place je parlais avec Amadeo, pour qui je devais beaucoup moins compter que pour mon frère. Je balaya la salle d'un regard accusateur, tentant de trouver une silhouette qui pourrait ressembler à celle que je cherchais désespérément.