A chaque nouvelle rentrée, le même cérémonial se mettait en place : compiler ses cours, récupérer ses livres, trouver les salles.... Un cérémonial pour le plus souvent assez contraignant mais le début d’une nouvelle année n’était seulement synonyme d’obligations. Les cours étaient encore légers, le travail personnel se faisait rare et le soleil n’était pas encore passé en mode automne. Autant dire que Dree, qui avait passé l’été chez ses parents cette année-là, ne comptait pas perdre une seule minute du soleil qu’elle pensait avoir laissé avec tristesse à San Francisco. Elle n’était cependant pas mécontente de retrouver le campus et ses habitudes d’étudiante. Ses parents l’avaient littéralement vidée avec toutes leurs questions, leurs demandes et leurs habitudes. A chaque année qui passait, à chaque fois que Dree s’approchait de l’âge adulte, ses parents, eux, vieillissaient un peu plus. C’était dans l’ordre des choses mais pour les nerfs de Dree, c’était une vraie torture.

En ce jeudi après-midi, alors qu’elle n’avait pas de cours programmé, Dree avait décidé de profiter de ce qui s’annonçait comme étant l’un de ces derniers moments de quiétude avant que l’année ne commence pour de bon. La brunette s’était donc armée d’un bouquin qu’elle devait lire pour la semaine prochaine, un livre d’anthropologie un peu barbant. A trois heures de l’après-midi, elle s’était décidée à prendre place sur un banc de la cour extérieure de la fac et s’était plongé dans sa lecture mais après une trentaine de minutes qui lui avait servit à avoir bonne conscience, elle se laissa finalement aller et posa son pavé pour prendre le soleil tranquillement. Les yeux fermés, le visage face au soleil qui réchauffait sa peau, tout était réuni pour entrer dans une phase de bien-être absolue. Un peu plus et elle se serait laisser aller à faire une petite sieste mais cet endroit n’était pas certainement pas le meilleur pour. C’est pourquoi elle décida de retourner dans sa chambre après quelques heures tranquille au soleil. De plus, avec un peu de chance, Campbell serait rentrée et elles pourraient peut-être se raconter leurs vacances respectives. Mais c’était sans compter l’arriver subite d’une vieille connaissance. Dans ce genre de situation, la défense de Dree était l’ignorance mais étrangement, son calme s’était envolé bien plus rapidement que d’habitude.

C’était bien sa veine tiens. Il devait bien y avoir plus d’un millier d’élèves à la Michigan University mais Dree devait tomber sur lui. Scott. Même si elle avait tourné la page de leur relation express, elle n’avait pas réussi à se débarrasser de cette rancœur au fond d’elle. Elle pensait naïvement qu’une histoire sentimentale ne concernait que les deux personnes y étant engagées mais elle se trompait et ce souvenir n’était pas un de ceux qu’elle préférait se remémorer. Devoir se quitter à cause d’un père trop encombrant, c’était quand même plutôt humiliant. Depuis maintenant deux ans, elle n’avait pas eu à faire grand-chose pour l’éviter. Il était plus vieux qu’elle et donc ne fréquentait pas vraiment les mêmes endroits qu’elle. Dree en avait d’ailleurs été soulagée sans vraiment s’en rendre compte avant. Avant qu’elle ne le revoit. Elle avait imaginé une après-midi tranquille et calme et en un regard, il avait tout ruiné. Elle était en rogne et ne savait même pas comment l’expliquer. Alors qu’il s’approchait, elle essaya de l’éviter mais c’était peine perdue. Il était face à elle et elle ne pouvait rien faire. Son ‘Salut Dree’ sonna en elle d’une manière tellement fausse qu’elle eut du mal à freiner sa moue boudeuse. Elle se leva, fourra son bouquin dans son sac et commença à s’éloigner en simple « Salut Scott, désolée je dois filer. »

Elle savait que ce ne serait pas aussi simple, parce que malgré ce moment de faiblesse qu’il avait eu du temps de leur relation, Dree savait qu’il n’était pas du genre à se débiner aussi rapidement. Elle ne savait d’ailleurs pas quoi en penser, n’avait-il rien dit parce qu’au final elle était bien content de se débarrasser d’elle ou pour une autre raison ? La jeune brune n’était pas du genre à se prendre la tête mais cette fois-ci, elle n’avait tout bonnement rien compris et elle n’aimait pas ça.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Scott l'avait mérité. Pour la jeune femme, il était à cent pour cent responsable de leur étrange séparation bien que celui-ci pensait tout le contraire. En réalité, c'était son père l'acteur principal de leur rupture. Bien entendu, quand on à vingt ans, on est capable de faire ses propres choix mais pas pour Scott. Être né avec une cuillère d'argent dans la bouche ne lui donnait quasi aucun droit sur ses choix ou ses envies. Son père régissait la plupart de sa vie autant professionnelle, personnelle que sentimentale. C'était ce qui était arrivé à Dree et Scott. Ensemble depuis quelques mois, son père avait jugé bon de s'imiscer entre eux comme il l'avait fait pour ses frères auparavant. Dree n'était pas une fille de grand famille comme l'était les Boldman et même si Scott l'appréciait énormément (pas encore assez pour l'aimer réellement) pour ce qu'elle était, cela n'avait pas suffit à son père pour en faire autant. Dree n'était pas pauvre, loin de là, mais même appartenant à la classe moyenne, elle n'aurait jamais pu épouser un Boldman. Du moins, c'est le discours que lui avait tenu son père. Scott avait donc dû rompre avec Dree malgré les sentiments qu'il avait pour elle. Le fait est que Scott ne s'est jamais interposé à son père à propos de cette relation. Mais les personnes comme Dree ne pouvait pas comprendre la puissance d'un père comme celui de Scott et celui-ci n'avait pas vraiment eu le choix. « Tu vas simplement méviter alors ? » fit-il à la jeune femme alors que celle-ci commençait déjà à s'éloigner.

Il fallait dire qu'il n'étaient pas restés en très bons termes. Dree n'avait pas supporté se faire humilier de la sorte. Il faut avouer que quand vous vous faites plaquer par votre petit ami parce-que le père de celui-ci ne vous aime pas, c'est plutôt humiliant. Du moins, c'est comme ça que le voyait Scott. Depuis le jour où ils avaient rompus, il ne s'étaient plus adressés une seule fois la parole. Dree l'évitait autant que possible tout comme le faisait Scott, au début. Au fil du temps, cette histoire c'était estompé de sa mémoire et il n'y pensait plus du tout. Il ne s'attendait pas non plus à ce que la jeune femme lui saute dans les bras après tant d'années mais il ne s'attendait pas à ce qu'elle l'ignore royalement, même après presque deux ans. « Je voulais juste savoir comme tu allais, après tout ce temps. Je ne pensais pas que tu en serais encore à ce stade. Me détester je veux dire. »