i'm lost .. but you have not lost me.

Sully Petersen & Claire Holder

Agitée, faisant les cents pas dans sa cuisine, Claire ne parvenait pas à faire taire son angoisse. Inquiète, mais aussi sur les nerfs comme à son habitude, elle ne supportait plus de voir les heures défiler sans que Sully ne semble vouloir rentrer. Comme cela lui arrivait que trop souvent, il était sortit pour se détendre, s’enfiler quelques bières avec ses amis et allons savoir quoi d’autres. C’était habituel entre eux, ils se laissaient pas mal de liberté, bien qu’ils aimaient énormément passer du temps ensemble. Mais plus depuis quelques mois, depuis la disparition de leur fils tout était devenue bien plus compliqué à gérer. Claire n’était plus elle-même, et malgré ses sentiments pour son fiancé, elle n’arrivait que rarement à faire taire sa rancœur. C’était comme voir son corps être contrôlé par une autre personne, elle ne savait plus ce qu’elle faisait, ce qu’elle disait, elle perdait le contrôle mais bien qu’elle détestait ça au plus haut point, elle ne parvenait pas à reprendre le dessus. Ce soir c’était pire que tout, un coup de téléphone important avait réveillé la plaie encore si vive dans le cœur de la jeune femme. Et lorsqu’elle s’était tournée dans la pièce espérant voir la carrure imposante, le regard rassurant, la chaleur de son homme, il n’y avait malheureusement personne. Dans le principe, y avait-il réellement quelque chose de si grave ? Pas vraiment, mais elle réagissait de manière disproportionnée, en colère contre le monde entier, contre elle-même et contre lui, c’était pourtant Sully qui en faisait les frais. Ne réalisant même pas qu’elle aggravait les choses, qu’il était tout autant peiné qu’elle voir plus encore et qu’elle ne faisait que remuer le couteaux dans la plaie. Elle n’avait plus conscience de rien, aveuglée par la douleur et la rage. Lorsque finalement elle réussit à calmer son agitation pour s’assoir sur le canapé du salon, il ne fallut pas plus d’une quinzaine de minutes, pour qu’elle n’entende le cliquetis des clefs derrière cette porte qu’elle fermait assidument chaque soir. Sans tourner la tête vers lui, elle ne lui laissa que peu de temps pour réaliser où il se retrouvait maintenant, avant de l’agresser. « C’est à cette heure-ci que tu rentres ? Tu t’es bien éclaté ? » Comme si elle s’en souciait d’ordinaire. Tout les soirs c’était la même rengaine, ou presque, lorsqu’il sortait, elle n’y faisait même plus attention. Allant tout simplement se coucher sans lui, bien qu’elle ne parvenait pas à fermer l’œil tant qu’elle ne sentirait pas sa présence près d’elle. Perdue dans ce quotidien qu’elle ne reconnaissait plus, et dont elle n’avait jamais voulu, elle ne souhaitait qu’une chose, que tout redevienne comme avant. « Je suppose que ça ne t’intéresse pas de savoir que l’inspecteur Higgins a téléphoner ce soir ?! » Attaque mesquine, comment pourrait-il se foutre d’un tel coup de téléphone ? L’inspecteur Higgins était en poste à New York et était chargé de retrouver leur fils. Bien sur comme à chaque disparition, après plusieurs semaines de recherches d’autres affaires prenaient le dessus. Mais cet homme avait juré à ce couple de ne jamais s’arrêter, qu’il ne trouverait pas le sommeil tant qu’il ne leur aurait pas retrouver leur enfant. Sans doute lui-même effrayé que cela puisse arriver dans sa propre famille. Au fil des mois, il était devenu comme un ami, bien que les formules de politesses d’usage et les appellations restaient très formelles. Ainsi elle sous-entendait qu’il se fichait d’avoir des nouvelles de l’enquête concernant son fils, la colère pouvait vraiment pousser une personne à dévoiler le pire d’elle-même.