La rentrée. Les cours. La confrérie. Le hockey. Les amis. Et biensur, Alahana. Comme chaque premier jour, je retrouvais le doux chemin de l'université pour entamer ma troisième année de criminologie avec, cette fois-ci, un petit plus à mon curriculum vitae. En effet, je sortais tout droit d'un stage au FBI et, par miracle ou autres pistons, j'avais obtenu un poste au bureau fédéral. De la chance, j'en avais. Espérons seulement que ma bonne étoile reste intacte et veille encore sur moi pendant cette année universitaire qui ne faisait que commencer. Une semaine plus tard et des litres de cafés ingurgités, j'étais toujours en vie. Ma vie étudiante n'était plus de tout repos. Entre les cours, les entrainements et le travail, j'avais un emploi du temps de ministre. Pourtant, j'adorais ce train de vie qui s'installait déjà. Je me sentais comme chez moi, comme si j'avais attendu tout ce chahut bahut depuis mon début à la Michigan Valley University. « M'ennuyer » était un verbe que je ne connaissais plus, que j'avais vite oublié et jetté à la poubelle. Hyperactif - non pas dans le sens de la maladie, mais plutôt comme un style de vie - j'avais trouvé mon équilibre parfait en cette troisième année.

Une première semaine venait de s'écouler depuis la rentrée. Aujourd'hui lundi 20 septembre, je me pavanais dans les couloirs du campus dans un but bien précis : direction la bibliothèque universitaire. Il était presque 21 heures 30 et j'avais besoin de quelques livres. Premièrement pour assouvir ma curiosité naissante face à mon nouveau boulot puis pour éclaircir quelqu'un point sur notre premier cours du semestre de Droit pénal international. Bien que j'ai compris la plupart des lois, décrets ou tout ce que vous voulez, certains termes m'étaient encore inconnu. N'ayant pas d'autre choix que d'arriver en début de soirée, je me faufilais directement vers les étagères de Droit. Livre trouvé. C'était déjà un bon début. Passons maintenant au suivant en déguerpissant vers la criminolgie et si possible qu'il y est une revue, une nouvelle ou n'importe quoi pouvant m'informer sur ce que c'est de travailler pour le FBI. J'avais eus ma première journée aujourd'hui même et je dois bien avouer que le tempérament des salariés était différent de cet été. Plus actif, plus concentré. Les vacances étaient bel et bien finis pour tout le monde même les fédéraux. Ne trouvant pas mon bonheur, j'ai fini par me diriger vers l'étudiant de garde. Et justement, je le connaissais. Je m'approchais de lui tandis que des élèves le saluaient. Je me postais devant mon ami, le fixant de mon regard azuré.

« J'ai besoin de toi ! » Lui dis-je quand il remarqua enfin ma présence. Valentin faisait également parti de l'équipe de hockey sur glace de l'université. Il était gardien et nous nous entendions plutôt bien. Toute l'équipe était soudée ce qui augmentait notre capacité de jeu et notre complicité durant les matchs. Toutes les personnes ayant un pied posé dans ce sport ne pouvaient pas en dire autant. « J'aimerais savoir si je pouvais trouver des informations sur le FBI. J'aurais bien cherché sur les ordinateurs mais ils sont déjà tous éteint, malheureusement. Dis-moi que tu peux m'aider ! Je n'ai pas envie de retourner devant ces agents fédéraux en ne comprenant rien à leur métier d'investigateurs. Sauve-moi, Valentin ! S'il te plait ? » Je lui fis un énorme et grand sourire. Sans lui et surtout sans un coup de main de sa part, je serais perdu pour ma deuxième journée en tant que secrétaire/assistant.

Un appel au secours avait été lancé et, par chance, Valentin était l'homme de la situation. Bibliothèquaire à ses heures perdues, le jeune Coleman était l'aide dont j'avais le plus grand besoin en cette soirée. « Je ne peux décidément pas résister à ce regard et ce sourire. » Je ne relevais pas les propos de l'étudiant, bien trop préoccupé par mes recherches et la demande d'informations sur le FBI. Je le regardais faire tout en croisant les doigts. Je ne me voyais pas retourner au bureau fédéral accompagné de mon ignorance. J'avais certes travaillé cet été là-bas, mais je ne faisais pas du tout la même chose aujourd'hui. Heureusement car je n'aurais pas aimé servir des cafés et des muffins ainsi que vider les corbeilles une année entière. Valentin s'activait. Je déposais alors sur le bureau, le livre que j'avais pris sur le Droit pénal international pour l'emprunter par la suite. J'attendais patiement et en silence. Je n'avais pas le choix si je désirais combler les vides. Le temps s'écoula, lentement à mon goût, lorsque mon sauveur releva enfin la tête. « Je t'ai rassemblé les informations de base sur le FBI, l'histoire, la hiérarchie, qui fait quoi, comment ça marche, le FBI face aux autres institutions etc sur un document PDF. A toi de faire le tri, c'est en vrac. Tu as aussi une liste de livres et de films, ne sous-estime pas Hollywood, parfois ils visent juste, pouvant t'aider. Tu trouveras tout ça, à ton retour dans ta chambre, dans un mail que je viens de t'envoyer. » Il me fit un grand sourire. J'étais soulagé. Toute la pression, que je m'étais procuré, retomba instantanément. Je soupirais de joie.
« Merci, Val ! Tu peux pas t'imaginer ce que tu viens de faire pour moi. Mais si possible j'aimerais bien sortir quelques bouquins ce soir pour que je puisse les lire avant de m'endormir. Tu peux m'imprimer la liste des livres, s'il te plait ? Ca m'éviterait de retourner au pavillon Sigma Tau Iota et de revenir en vain après 22 heures. » Je fis une moue de tristesse et le bibliothécaire s'éxecuta. Je lui souris. Franchement, sans lui, j'aurais été perdu et sans arme le lendemain au FBI. Chose faite, je comparais les livres proposés. Tous m'avaient l'air intéressant et semblaient vouloir répondre aux questions que je me posais. Cela allait être bien plus difficile de choisir que je ne le croyais. Comment faire ? Je sais ! « Tu peux venir m'aider ? Il est presque 22 heures. Personne ne t'en voudra de fermer quelques minutes plus tôt. Surtout qu'il n'y a plus aucuns élèves dans la bibliothèque. Ca ne te dérange pas ? » Je pris mes affaires et la liste des bouquins. Je me préparais à partir au rayon désiré. Je me retournais une dernière fois vers le hockeyeur. « J'y vais. Si tu me cherches, je serais en pleine recherche sur le FBI dans le rayon adéquat. Sinon, à demain pour l'entrainement. » Je me dirigeais alors vers ma destination, tournant le dos au bureau de Valentin et donc à mon ami.

Je partis en direction des étagères concernant le FBI. Le feuille que l'avait imprimé Valentin m'était d'une grande aide. Je pourrais ainsi lire quelques chapitres ce soir - ceux qui m'intéressent - pour ne plus être le « bleu de service » comme certains m'avaient renommé au bureau fédéral. Un regard noir et ils s'étaient tu. Cependant, je doute que ce petit surnom ne me lâche aussi rapidement. Je faisais donc tout pour que le bleu devienne alors un employé comme un autre et plus le petit nouveau qui s'est fait pistonné pour avoir ce poste. Je comptais bien leur prouver ma valeur et cela dès demain ! Je commençais à chercher. Bien évidement, comme dans toutes blibliothèques, tous les ouvrages n'étaient pas forcément rangés à leur place. Je m'y perdais dans tous ces livres. J'étais meilleur pour classer des dossiers et le retrouver. J'ai bien fait de postuler au FBI et non en tant que bibliothècaire. Heureusement, le jeune Coleman vint une nouvelle à mon secours. Décidément, il était mon homme de la situation et mon sauveur de la soirée. Il m'aida dans ma recherche et trouve plus rapidement ce qui m'intéressait. « Tiens, ce livre devrait t'aider pas mal. Il est simple et donne beaucoup d'informations. Je pense que ça sera un bon début. »
« Merci. » Lui répondis-je en attrapant alors le livre en question. Je l'ai feuilleté et, en effet, il m'avait l'air assez complet et parfait pour répondre à toutes mes questions. J'allais reprendre la parole mais le gardien des Spartans fut plus rapide que moi.
« Tu as passé de bonnes vacances, sinon ? » Personnellement, j'allais plutot le remercier pour son aide, enregistrer les deux bouquins que je désirais emprunter et partir. Mais, apparement, Valentin préférait prendre de mes nouvelles. Sociable et courtius de part mon éducation militarisé par mon père et celle de la haute bourgeoisie de mère, je resterais donc à discuter avec lui quelques minutes en remerciement de son aide de la soirée.
« J'ai surtout travaillé, en réalité. Ce n'était pas vraiment des vacances. J'étais au FBI en tant que stagiaire. L'un de mes profs m'avait recommandé et par quelques aides, j'ai pu entré au bureau fédéral. » Je lui souriais. « C'était pas de tout repos. Et je m'en suis plutot bien sorti puisque maintenant je fais parti de l'équipe à temps partiel. Bon ok, je suis que secrétaire/assistant. Mais je suis dans l'arène. C'est mieux que rien. » J'ai alors pris mes affaires que j'avais déposé à mes pieds, c'est-à-dire ma sacoche dans lequel se trouvait mes cours et quelques papiers du FBI mais rien de bien important. Juste de la formalité et mon contrat. Faisant signe à Valentin de me suivre, je me suis alors installé sur une table de la bibliothèque universitaire et j'ai déposé mon fessier sur ce mobilier de la salle en question. Je fixé le jeune Coleman. Cela faisait maintenant plus de deux mois que nous ne nous étions pas vu. Notre dernière rencontre remontait surement à notre dernier match de Hockey. Je ne m'en souvenais plus. Ce détail m'était totalement sorti de la tête. « Et toi alors, t'as fait ? T'as été voir ton copain ? Heu... Ricky, c'est bien ça ? » Lui demandais-je en retour. « J'espère au moins que tu n'as pas perdu la main en tant que gardien en t'amusant avec lui car la saison s'annonce tout aussi difficile que la dernière voire pire encore ? »

Le sport et plus particulièrement le hockey sur glace nous unissait, Valentin et moi-même. Cela faisait maintenant un an que nous étions dans la même équipe et que nous avions la même hargne sur le terrain. Gagner était notre principal objectif et perdre n'était pas envisageable. J'avais appris à le connaître. Le gardien de notre équipe était sympathique et je l'appréciais beaucoup comme tous les autres joueurs. Nous étions soudés dans la victoire et encore plus dans la défaite. « Je ne me suis peut-être pas entraîné souvent. Mais, j'ai fait en sorte d'avoir de l'exercice et de ne pas perdre la forme pendant l'été. » J'ai rigolé. J'avais très bien compris de quoi il me parlait. J'ai souri. Je retrouvé exactement le même Coleman qu'avant les vacances d'été. C'était bon de savoir que certaine personne ne changeait pas car je savais pertinemment que j'avais changé. Je n'arborais plus des jeans et tee-shirt, mais un costume cravate de coutume pour travailler au FBI. J'entrais dans la vie active tandis que d'autres profitait encore de la joie de la vie étudiante. Je ne m'en plaignais pas. J'avais voulu ces changements. Je me plaisais même dans ce nouveau cadre de vie qui était plus actif, plus à mon rythme. Je n'avais plus le temps de m'ennuyer.

Valentin s'avança vers moi. Surpris, j'attendis la suite. Et cette suite fut tout aussi surprenante. Le jeune homme déposa sa main sur mon torse. Je le fixais sans dire un mot car peut-être n'était-ce qu'un petit écart sans arrière pensée. « Tu m'as manqué cet été. J'ai souvent pensé à toi. » Me dit-il d'une voix douce à souhait. Que lui arrivait-il ? Pourquoi agissait-il ainsi ? J'avais une copine. Ne le savait-il pas ? D'une main, je le repoussais gentiment. Il était mon ami, je ne voulais pas le voir se vexer pour l'avoir écarter violemment.
« Qu'est-ce qu'il te prend, putain ? Tu sais très bien que j'ai une copine. Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi maintenant ? T'as un copain toi aussi ? Pourquoi tu lui fais ça ? Je croyais que ça marchait bien entre vous, que vous vous entendiez bien, que vous passiez des bons moments ensemble ? Pourquoi me faire ça ? » Tant de questions en si peu de temps. Valentin en était submergé. Je voulais comprendre pourquoi cet écart de conduite alors que nous étions tous les deux pris. « Ne joues pas avec le feu, Valentin. Tu pourrais t'y brûler. »

Je sentais que ma réaction et mon soudain comportement surprenait voire vexait Valentin. Même si l'on ne se connaissait depuis qu'un an, je savais à peu près comment il était. Je ne lui avais pas dit. Mais je savais quelques petites choses sur lui. Des petites choses qui faisaient que j'étais à peu près sûr de la déception que le jeune homme avait en cet instant. « Rien, laisse tomber, je me suis trompé. » Je ne répondis rien. C'était sans doute mieux ainsi. Il retira alors sa main de mon torse. Un poids se retira de mes épaules. Je respirais un bon coup pendant que le gardien des Spartans s'occupait de ses affaires. Je le regardais et je voyais que la complicité que nous avions eut précédemment s'était envolé pour une contrée bien lointaine n'existant surement pas sur Terre. « C'est bientôt le couvre feu et je dois fermer la bibliothèque. Si tu as tout ce dont tu as besoin, tu peux y aller je pense. Sinon, tu n'auras qu'à revenir demain quand ça sera ouvert. » Je sortis alors mon blackberry et constata l'heure qu'il était. Je me retournais pour attraper à mon tour mes affaires pour voir que Valentin se dirigeait déjà vers la sortie et son bureau. Apparemment, je l'avais plus vexé et deçu que je ne me l'imaginais. Je soupirais et c'est ainsi que d'un pas lasse et lent je me dirigeais vers ce fameux bureau avec mes livres en main que le jeune Coleman devait entrer dans la base de données afin de les enristrer puisque je les empruntais.
« Tiens, je prends ces trois là. » Il y avait le livre sur le FBI plus deux autres concernant cette fois-ci les cours et non mon travail au bureau fédéral. Lorsque tout fut accompli, je pris simplement mes livres en disant un : « Merci. » Je rangeais le tout dans mon sac, gardant seulement celui sur le FBI dans les mains. Je le lirais en chemin alors que je rentrerais à la confrérie pour bosser mes cours. « Si tu dois fermer, je vais te laisser. » Lui dis-je avec un grand sourire, tentant de faire comme si tout allait bien, comme si rien ne s'était produit précédemment. « En tout cas, vraiment merci pour ton aide. Sans toi, je n'aurais jamais trouvé et ça m'a fait plaisir d'avoir de tes nouvelles après ces deux mois de vacances. Bon allez je te laisse. On se reverra aux entraînements. A plus. » Terminais-je alors que j'étais déjà en train de repartir. Je lui fis un dernier signe de la main et continua alors ma route en direction du pavillon des Sigma Tau Iota.